En quoi vos solutions sont-elles une vraie révolution ?
Sur la base des travaux de Robert Langer et Jeff Karp, deux chercheurs du MIT, des sommités internationales dans le domaine des biomatériaux, nous avons développé des polymères qui sont biocompatibles et biodégradables. Sous forme de liquides ou de patchs, ils permettent de fermer de façon étanche des plaies internes comme des tissus déchirés, des fuites sur les artères, les veines ou les intestins. L'une de leurs principales propriétés consiste à coller en milieu mouillé. Autrement dit, l'eau et le sang ne désactivent pas leur capacité d'adhésion. En revanche, ils ne collent que lorsque le chirurgien le décide, en activant la polymérisation avec de la lumière, à l'aide d'une simple fibre optique. C'est donc un dispositif moins traumatisant qu'une suture et plus facile à utiliser que les gels existants qui collent indépendamment de la volonté du chirurgien.
Quelles ont été les étapes de développement de cette innovation ?
Nous avons consacré les deux premières années de notre activité (2014-2015) au transfert de technologie du monde académique au monde industriel. Il s'agit de refabriquer les composés développés en laboratoire avec des procédés industriels, dans des conditions de sécurité pour les patients. Le dispositif est ensuite passé au crible de tests et de normes réglementaires pour envisager une étude clinique chez l'homme. Nous avons démarré cette étude clinique en 2016 et obtenu le marquage CE pour une première application mi 2017. Il s'agit de « sealants » (scellements en français), qui permettent de boucher des fuites sur des lignes de sutures ou d'agrafes. Nous nous concentrons aujourd'hui sur la montée en charge industrielle avec une commercialisation prévue fin 2018.
Pourquoi cette invention américaine est-elle développée en France ?
L'Europe offre une réglementation plus propice au lancement rapide d'un dispositif médical. Nous avons estimé que c'était en France que nous pourrions trouver les meilleurs experts (médecins, industriels) pour développer nos produits. Le développement de nos solutions fait appel à une quinzaine d'entreprises (tests, production des polymères, production des accessoires) et le réseau de sous-traitants français dans ces domaines est de grande qualité.
Comment envisagez-vous votre développement ?
Notre ambition est de devenir une « usine à innovation » sur la base de nos polymères. Nous sommes aujourd'hui organisés en 2 pôles. Notre Innovation Hub travaille avec des partenaires et des chirurgiens pour identifier des besoins et développer des prototypes sur différentes pathologies. Notre Developpment Factory prend ensuite le relais pour adapter ces prototypes aux normes et les rendre utilisables chez l'homme. Le potentiel est très ouvert. Nos équipes de recherche travaillent actuellement sur de nouvelles applications dans le domaine de la reconstruction de l'os, l'ophtalmologie et la reconstruction du nerf. Pour cette dernière application, nous développons une technologie d'impression 3D de conduits à l'intérieur desquels les nerfs pourront se régénérer. La plateforme est très souple. Un produit Gecko c'est en effet un polymère liquide, un dispositif d'application et une lampe pour l'activation. En changeant un seul de ces composants, on peut créer rapidement une nouvelle application.
Quel a été votre parcours de financement ?
Nous avons procédé à une premier levée de fonds significative en 2013 (8 M€) pour financer le développement d'un nouveau dispositif médical. Nous nous sommes appuyés sur des investisseurs comme Crédit Mutuel Innovation (ex CM-CIC Innovation) qui grâce à leur expérience dans le domaine de la santé, étaient en mesure de comprendre nos cycles de développement et nos contraintes réglementaires. Nos investisseurs historiques nous ont également accompagnés lors d'un deuxième tour de table en 2016 pour étendre la plateforme. Aujourd'hui notre trésorerie est de bonne tenue et nous permet d'investir nous-mêmes dans l'industrialisation. Toutefois, nous envisageons un troisième tour de table, avec une dimension plus internationale, à l'horizon 2019.