Quelles sont les origines familiales de l'entreprise Gautier ?
Il y a eu 3 « histoires » familiales dans la vie de Gautier. La première est celle de mon oncle, Patrice Gautier, qui a créé la société en 1960. L'entreprise connaît un fort développement jusque dans les années 80, mais la crise pétrolière et son impact sur la consommation de biens d'équipements, mettent alors la société en grave difficulté. En 1985, l'entreprise doit être revendue à une société parisienne. Toutefois, notre père, Dominique Soulard, alors directeur commercial, fait le choix de poursuivre l'aventure. Devenu Directeur Général, il développe à nouveau l'entreprise grâce aux investissements des nouveaux actionnaires majoritaires. Cette « deuxième histoire semi-familiale » se passe bien pendant une dizaine d'années. Malheureusement, l'actionnariat de la société-mère évoluant, la direction de cette dernière se désengage progressivement de l'entreprise Gautier, stoppant les investissements tout en exigeant des dividendes exorbitants. En profond désaccord avec cette stratégie, notre père est débarqué en septembre 1999. Ce que personne n'avait prévu, c'est que les salariés de l'entreprise se mettent alors en grève pour récupérer leur dirigeant. Un épisode connu aujourd'hui sous le nom des événements Gautier.
Un moment fondateur de la relation actuelle entre votre famille et l'entreprise ?
Oui. Tout d'abord parce que les négociations qui ont suivi ont mené à la reprise de l'entreprise par notre père et donc au retour de Gautier dans notre famille. Mais aussi, parce qu'à cette occasion mes deux frères et moi-même avons décidé de rejoindre progressivement notre père et notre sœur dans l'entreprise familiale, pour nous impliquer dans ce nouveau challenge.
Vous n'aviez pas nécessairement envisagé de travailler chez Gautier ?
Non. En dehors de ma sœur Valérie qui venait juste d'intégrer Gautier comme commerciale export, nous menions tous des carrières en dehors de l'entreprise. Après des études d'ingénieur agricole, j'occupais le poste de Directeur des Achats chez Sodebo. Mon frère Arnaud, ingénieur bois, travaillait chez Bénéteau et mon plus jeune frère Hervé était quant à lui encore étudiant. Cependant, cet univers du meuble était dans notre ADN puisque nous y étions baignés depuis notre plus jeune âge, avec des parents qui accueillaient des clients du monde entier à la maison.
20 ans plus tard, quels postes occupe la fratrie au sein de l'entreprise ?
Valérie est maintenant directrice export et s'occupe du déploiement de la marque Gautier et des magasins à l'international. Arnaud est responsable développement produits (bureau d'études, prototypes, prix). Hervé est responsable du développement de la marque puériculture et de la grande distribution à l'international. Pour ma part, je suis entré comme chef de projets logistique en charge de la mise en place d'un ERP. Ce poste m'a permis de connaître tous les process de l'entreprise. J'ai ensuite été responsable de la supply chain, puis j'ai pris la Direction Générale à la suite de notre père en 2010.
Une répartition des rôles qui était claire dès le départ ?
Oui et non. Nous avons beaucoup échangé au début de l'aventure, mais nous avons tous trouvé notre place assez naturellement. Ce sont nos envies respectives qui nous ont conduits à ces différentes fonctions au sein du collège cadre, et pas notre place dans la fratrie. Il n'y a pas eu de droit d'aînesse.
En tant que Directeur Général, adoptez-vous une attitude particulière vis-à-vis de vos frères et sœurs ?
J'essaie d'avoir les mêmes échanges avec eux qu'avec les autres managers et collaborateurs de l'entreprise. Nous nous sommes même interdit de parler de l'entreprise le week-end. Au quotidien, nous avons des discussions classiques sur les différents projets. Je m'attache aussi à ne pas les impliquer dans des stress qui incombent à mon rôle de pilote. Ce qui est parfois difficile, c'est la problématique de la sur-réaction. On se connaît tellement bien qu'il y a beaucoup moins de filtres. On se comprend plus vite, mais on peut aussi se vexer plus rapidement. Il faut donc être prudent. Ce qui est important, c'est que nous avons tous reçu la même éducation et les mêmes valeurs. Nous partageons le même objectif. Nous sommes tous convaincus que notre épanouissement individuel ne peut passer que par une ambition collective.