Comment est née CM Labs et quel était son premier modèle d’affaires ?
CM Labs a été créée en 2001 par l’équipe canadienne de MathEngine, une entreprise britannique spécialisée dans la technologie des jeux vidéo.
Dans un premier temps, nous nous sommes concentrés sur la vente de licences technologiques de fonctionnalités de simulation virtuelle pour le prototypage et le test dans le domaine industriel. Nous en sommes venus à développer des logiciels d’entraînement sur mesure destinés à des opérateurs d’équipements maritimes ou terrestres, comme les grues dans le domaine du BTP.
Il nous est alors apparu que dans certains secteurs, nous ne pouvions pas nous contenter de fournir des logiciels mais qu’il nous fallait avoir une approche « verticale », ce qui impliquait de développer également l’ensemble de la solution de simulation, de l’interface graphique au simulateur physique.
Quels étaient les secteurs à fort potentiel ?
Tout d’abord, nous nous sommes concentrés sur la construction et l’exploitation pétrolière off-shore. Ces deux secteurs avaient d’ailleurs des points communs : un grand nombre d’opérateurs expérimentés sur le point de partir à la retraite et de nouvelles générations de collaborateurs très à l’aise avec l’univers des jeux vidéo.
Plus tard, nous nous sommes également positionnés sur le marché de la manutention portuaire, où la formation en situation réelle est compliquée et coûteuse.
Avez-vous été confrontés à des difficultés lors de ce passage du « 100% logiciel » à une offre plus globale intégrant du matériel ?
Des difficultés non, mais un temps d’apprentissage oui ! Le temps logiciel et le temps industriel ne sont pas les mêmes. Il a fallu intégrer le fait que la conception de simulateurs physiques implique d’anticiper les temps de livraison de composants. Il faut apprendre à séquencer et coordonner le travail des développeurs et des ingénieurs mécaniques.
Autre différence majeure, un logiciel évolue en permanence et tire profit des constantes évolutions du matériel. Un équipement physique, qu’il s’agisse d’un ordinateur portable ou d’une cabine de simulation, fait face à une problématique d’obsolescence. La durée de vie des composants électroniques d’un simulateur excède rarement les 3 ans. Mais une fois ces défis surmontés, cette double culture informatique et mécanique est aujourd’hui un formidable atout pour CM Labs ; elle nous permet de développer des logiciels mieux connectés à la réalité. Nous sommes parmi les rares au monde à pouvoir le faire.
Avec toujours une approche sur mesure pour cette offre « verticale » ?
Pendant plusieurs années, nous avons effectivement développé des équipements très spécifiques pour chacun de nos clients et c’est encore une de nos forces. Quand un de nos clients souhaite former ses opérateurs dans l’environnement particulier où ils travaillent, nous avons toute la capacité de personnaliser le simulateur, tant au niveau de l’environnement qu’au niveau des scénarios d’entrainement.
Toutefois, aujourd’hui 80% de notre offre est « sur étagères », avec des gammes de simulateurs utilisables par plusieurs clients. Cette stratégie nous permet de donner accès à la simulation pour une fraction du coût d’un simulateur entièrement personnalisé.
Ce business model est-il encore susceptible d’évoluer ?
C’est déjà le cas, avec une nouvelle approche de commercialisation de Vortex Studio, notre plateforme de logiciels de simulation et de visualisation en temps réel. Nous passons progressivement d’un modèle de vente de logiciels à une logique SAAS (Software as a service) sous forme d’abonnement annuel.
Cette stratégie, tout en nous garantissant des revenus récurrents, permet à nos clients d’avoir accès au nombre idéal de licences pendant la durée de leur projet. Nos récents développements nous ouvrent l’accès à de nouveaux marchés, comme celui des organismes de formation.
En revanche, il s’agit d’une révolution culturelle qui nous amène, une nouvelle fois, à transformer profondément nos processus de travail. Jusqu’à présent, les mises à jour se faisaient annuellement pour la sortie de la nouvelle version des logiciels, nous devons désormais faire évoluer nos solutions et leurs documentations en permanence.
Quel est le rôle d’un investisseur comme Crédit Mutuel Equity pour accompagner ces transformations ?
Dans une société comme la nôtre, avec un management constitué des fondateurs et de nouvelles personnes ayant des perceptions de l’entreprise différentes, les points de vue sur la vision de transformation peuvent diverger. L’arrivée d’un investisseur, avec un regard neuf, plus neutre, permet d’aligner cette vision, de formaliser ce que nous souhaitons réaliser et de définir les moyens pour y parvenir.
Une fois cet objectif redéfini et partagé, nos partenaires de Crédit Mutuel Equity, grâce à leur expertise, nous ont également aidés à mieux nous structurer et nous ont mis en relation avec des spécialistes du management et de la stratégie de marque.
Grâce à son réseau et ses connexions avec de nombreuses entreprises, Crédit Mutuel Equity est également un formidable atout pour nous développer en Europe et en France. Nos ambitions sur l’Europe sont importantes ; les partenariats que nous signons et la qualité de nos produits devraient accélérer cette croissance.