L’efficacité, ou capacité à produire plus de résultat à quantité égale ou inférieure de ressources, a longtemps été le mètre-étalon de nos organisations. Mais elle se développe toujours au détriment de la résilience, c’est-à-dire l’aptitude à surmonter toute défaillance locale d’un système : si un maillon cède, la chaîne doit se reconfigurer. Cela requiert des redondances, des stocks et pas seulement des flux, des solutions et compétences alternatives, en un mot, cela coûte plus cher... à court terme ! Car l’impact d’une seule crise – nous sommes en train de le vivre – peut être sans commune mesure avec les bénéfices tirés d’une efficacité « quand tout va bien ». Et pour les années qui s’annoncent, qui parie sur « tout ira bien » ? La résilience est une valeur clé. Et la souveraineté ?
Toutes nos organisations sont concernées par le numérique, qui est comme leur poumon et leur réseau sanguin, dominé par une poignée d’acteurs hégémoniques principalement issus d’Amérique du Nord et d’Asie. Or, dans une géopolitique commerciale où tous les coups semblent permis, qui peut compter que nos « alliés » d’hier le soient encore... aujourd’hui, pour ne rien dire de demain ? Pourtant, nous dépendons, à des degrés divers, de grands éditeurs d’applications, de fabricants de terminaux, de clouds pour le stockage et de réseaux pour le transport des données, d’écosystèmes massifs constitués autour des géants Amazon, Microsoft, Google ou Huawei... Et que dire de la santé où nous avons abandonné aux pays à bas coûts la production de principes actifs pourtant vitaux. Dans ces domaines, l’Europe est restée jusqu’ici sans réponse, et les technologies de l’IA, des neurosciences ou encore du quantique pourraient suivre.
Prendre à bras le corps ces dépendances pour leur substituer des alternatives résilientes est l’affaire de chaque entreprise et réclame une volonté stratégique, du temps et des moyens.
Et donc une vision partagée avec des investisseurs prêts à s’inscrire dans le temps long, dans une logique de développement responsable.