Philippe Berthaux
Symbole d'une corseterie française dédiée aux beautés généreuses, Empreinte est aujourd'hui la référence haut de gamme de son secteur.

Dans quelles conditions avez-vous repris Empreinte dans les années 90 ?

Philippe Berthaux : à l'origine, Empreinte est une entreprise familiale. Elle a été créée à Brest en 1946 par Jean Le Her avant d'être dirigée par son neveu à partir des années 70. La société est très rapidement devenue une référence sur le segment des soutiens-gorge pour les femmes à forte poitrine avec une grande culture de l'innovation. Empreinte est notamment l'inventeur de la profondeur de bonnet ou du soutien-gorge sans bretelles. En 1996, malgré ce succès, aucun repreneur familial ne souhaitait poursuivre l'aventure. C'est à cette époque que nous sommes entrés en contact. Je constituais alors un groupe indépendant de lingerie avec le soutien d'un fonds britannique. J'ai saisi l'opportunité et racheté Empreinte en 1998.

Vous avez immédiatement initié une importante réorganisation ?

P.B. : Pour continuer à exister, nous devions réduire les coûts et améliorer la productivité. à l'époque, nos ateliers de Brest fabriquaient 80 % de notre production, les 20 % restants étant confiés à des sous-traitants français. De nombreuses couturières arrivant à l'âge de la retraite, nous avons décidé de délocaliser progressivement une grande partie de la production pour la partie confection. Ces emplois ont été remplacés par des postes à forte valeur ajoutée au service création, marketing, au flux et à l'export. Nous avons également investi massivement en R&D, afin de lancer de véritables innovations en partenariat avec nos fournisseurs européens. En revanche, la coupe, qui garantit la qualité de nos produits est toujours réalisée à 100% à Brest. Tous nos articles sont également contrôlés en Bretagne avant d'être expédiés chez les détaillants.

Vous avez également effectué un virage stratégique vers l'international.

P.B. : C'était vital. Alors qu'il y a 15 ans, nous réalisions 85 % de notre chiffre d'affaires en France, nous exportons aujourd'hui, 60 % de notre production. En Europe bien sûr, mais également au Moyen-Orient et en Amérique du Nord qui recèle encore un très fort potentiel de croissance. Chez Empreinte, vous entendez désormais parler anglais, allemand, italien, néerlandais, russe ou tchèque toute la journée.

Peut-on parler de marché de niche ?

P.B. : C'était vrai dans les années 90, beaucoup moins aujourd'hui. Si notre gamme se concentre, en effet, sur les soutiens-gorge à partir du bonnet C, il faut savoir que cela représente aujourd'hui 55 % du marché. En raison de l'alimentation et de la consommation d'hormones, les femmes ont de plus en plus de poitrine. En France, en moins d'une génération, les femmes ont gagné une taille et une profondeur pour un standard de 90 C. C'est un phénomène mondial.

S'agit-il d'un marché très concurrentiel ?

P.B. : Oui, mais nous nous sommes positionnés sur le segment haut de gamme premium où nous sommes la référence. Techniquement, les soutiens-gorge Empreinte sont reconnus comme les meilleurs au monde, avec un fit unique. Quand une femme a porté l'un de nos produits, elle nous reste fidèle à vie ! Nos matières sont exclusives et nous sommes les seuls à utiliser une armature par taille et par bonnet. C'est presque du sur-mesure. Cette excellence s'exprime également dans nos 3 concepts stores « Empreinte, l'atelier lingerie » de Paris, Lille et Strasbourg qui proposent une expérience d'achat inédite. Sur rendez-vous, nos clientes sont accueillies dans un salon privé et essayent jusqu'à 60 soutiens-gorge à leur taille. Elles peuvent ensuite les faire personnaliser sur place par notre atelier de couture.

Quelles sont vos relations avec Crédit Mutuel Equity ?

P.B. : En 2003, mes partenaires et moi avons décidé de prendre notre indépendance vis-à-vis du fonds britannique qui nous accompagnait, pour devenir actionnaires majoritaires d'Empreinte. Nous avons alors cherché un partenaire local qui nous garantissait une vraie stabilité, en particulier pour mener à bien notre projet d'internationalisation. Crédit Mutuel Equity (à l'époque IPO), correspondait parfaitement à ces critères. Depuis, je n'ai pu que me féliciter de ce choix et de nos relations de confiance. Mes interlocuteurs ne m'ont ainsi jamais mis de pression et m'ont toujours soutenu dans mes ambitions. Ils ont également favorisé l'entrée de managers clés au capital.

Regard de partenaire

Empreinte vu par Caroline Pasquet, Crédit Mutuel Equity

Notre association avec Philippe Berthaux est une réussite totale. C'était le repreneur idéal pour cette PME à forte valeur ajoutée. Il disposait d'une importante expérience sur le marché de la lingerie et une bonne connaissance de l'entreprise.

Par ailleurs, avec ses équipes et leurs compétences pointues dans tous les domaines, il sait parfaitement conjuguer toutes les facettes d'une entreprise textile, dont entre autres : marier les dernières tendances de la mode avec des produits techniquement difficiles à réaliser, positionner et valoriser la marque avec un marketing adapté à l'univers intime de la femme dans un environnement très concurrentiel, développer le chiffre d'affaires tout en conservant une bonne rentabilité avec un pilotage fin du nombre de références et donc des stocks, et s'adapter en permanence à l'évolution rapide des différents canaux de distribution.

Et c'est bien là que notre partenariat, inscrit dans la durée, trouve sa force : permettre à l'entreprise de mener à bien les changements nécessaires à son développement. Le virage offensif à l'international est un succès ! Les exportations représentent 60% du chiffre d'affaires réparties, principalement, dans une quinzaine de pays et sur trois continents. L'univers Empreinte, au travers de la marque et des produits, joue remarquablement sa carte sur un segment du marché, la lingerie pour poitrines généreuses, qui ne cesse de s'élargir avec une demande soutenue et mondiale.

Une histoire de croissance basée sur la confiance...

Empreinte en bref

18  M€ de Chiffre d'affaires en 2016

3000 clients détaillants dans le monde

15% à 60% à l'export en 12 ans

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